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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 19:17
Du Nouveau sur la Pologne

Les Polonais ont choisi le changement. Un changement si radical qu’il est très difficile d’en imaginer la portée, et encore plus difficile – surtout pour les gagnants, mais aussi pour ceux qui ont perdu - de se rendre compte de la responsabilité qu’endossent les premiers, et de celle qui pèse sur ceux qui partent.

Les Polonais ont choisi le changement. Il est étonnant qu’aucun représentant de la gauche ne se trouvera dans le prochain Parlement. Sur 460 sièges, le parti Droit et Justice va en occuper 238, et le parti Plateforme Civique 135. Tous les média en parlent, ne se privant point de mettre en relief le catholicisme et l’euroscepticisme des Polonais et de leurs élites. A propos du catholicisme et de l’euroscepticisme des Polonais, thèmes chers aux commentateurs français, je me permets de constater que l’histoire de mon pays ne peut pas être pensée sans la foi chrétienne, ce qui nous distingue du devenir et de l’actualité de la France. Quant à notre attitude face à l’Union Européenne, les Polonais reconnaissent que la Pologne n’a pas d’autre voie vers l’avenir, mais voient aussi les difficultés qui apparaissent.

Une fois de plus dans notre histoire, les Polonais, prisonniers de leur passé, incapables de mesurer les défis du temps qui vient, n’ont pas su s’adapter à la marche de l’Histoire.

Une génération à peine a suffi pour que Solidarność disparaisse de notre horizon. Courant après le pouvoir et la fortune, les Polonais combattent les uns les autres, ils n’hésitent pas à user de critique malhonnête et de mensonge, peu leur importe l’intérêt commun.

L’Episcopat polonais, lui non plus ne sert pas l’unité de la nation, ayant des mots très durs à l’adresse de serviteurs du pays. La presse polonaise et internationale a bien noté les attaques contre l’ancien président Komorowski à propos du problème de la fécondation « in vitro ».

Après le vote du 26 octobre, lors d’un débat télévisé à Varsovie, des scientifiques ont souligné que de nombreux problèmes importants n’ont pas été suffisamment approfondis pendant la campagne électorale : les rapports entre la Pologne et l’Union Européenne, l’attitude de l’Union vis-à-vis des réfugiés, le coût exorbitant des promesses électorales faites par le parti gagnant, les dettes, plus ou moins connues du pays, l’état de notre milieu naturel, la nécessité d’établir des comportements civiques solidaires et honnêtes, les réalités et les menaces du terrorisme…

En fait, les candidats n’ont fait que survoler ces questions. Ce survol était trop électoral et pas assez approfondi, pas suffisamment exprimé dans une plus large perspective nationale et internationale. On n’a pas insisté notamment sur la rapidité des changements qui modifient de plus en plus notre vie, sur le rôle croissant des techniques informatiques, sur celui des générations montantes et de leurs nouvelles exigences.

Les Polonais ont choisi le changement. Etaient-ils fatigués ? Cédèrent-ils à l’irritation causée par l’arrogance et les certitudes du pouvoir ? A la peur des refugiés ? Se sont-ils levés contre le diktat du capital étranger ? Toutes ces raisons me paraissent valables. Mais elles n’expliquent pas tout. Je pense surtout à la qualité de la campagne, dynamique et violente, menée par le politiquement génial Jarosław Kaczyński, chef du parti Droit et Justice (prawo i sprawiedliwość), et la surprenante incapacité des responsables – faute de véritables leaders – de la Plateforme civique (porozumienie obywatelskie). Les deux camps se sont livré une guerre sans merci. Pour le pouvoir.

Au fond, personne n’a gagné cette tragique guerre polono-polonaise.

Le grand perdant, c’est la Pologne.

Que fera Jarosław Kaczyński ?

Comment réagiront les vaincus ?

Quand l’intérêt suprême de la Pologne retrouvera-t-il sa place ?

Jędrzej Bukowski

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