André Cruiziat est présent dans ma vie depuis le début des années 60. Il a été et il est toujours, mon guide. Comment pourrais-je oublier …
Le Soulier de Satin de Claudel, que nous sommes allés voir au théâtre de l’Odéon …
Un long périple à travers la Pologne en 1963, avec un groupe de la Vie Nouvelle, et la curiosité d’André à chaque rencontre, son émerveillement devant chaque possibilité de parler aux gens …
Son téléphone surprise du 7 novembre 1966 : le lendemain, au Club d’Intellectuels Catholiques à Varsovie André parlait aux jeunes des relations entre les pauvres et les riches de ce monde. J’ai été son interprète et je suis encore impressionné par sa voix cassée d’émotion au moment où il répondait au mot de bienvenue de Zawieyski,
Un dîner de Françoise Cruiziat, un samedi de décembre 1967 et une conversation au sujet du notre socialisme vécu, dans son bureau,
Une session de La Vie Nouvelle à Charbonnières, en 1968,
Des conversations que nous avons eues, avec mon épouse, au début des années 70, à Varsovie à propos notre situation politique. Il arrivait qu’elles se tiennent dans notre voiture, tard dans la soirée, pour voir le maximum, et pour ne pas être vus …
Sa joie : La Pologne nous offre un pape ! Quel cadeau … du 23 octobre 1978, mais dans le même texte je trouve, en PS, une remarque sur le caractère classique des anciens textes de Jean-Paul II au sujet de la morale sexuelle,
Nos premiers meubles en France : une salle à manger Henri II reçue de ses enfants, et pour laquelle, dans une lettre du 30 novembre 1978 André nous promet des chaises supplémentaires ; elle fonctionne toujours dans notre appartement,
Une réunion, le 17 février 1979, à Orvilliers-Sorel près de Compiègne, avec Madame Mounier, José de Broucker, et Jean Chaudouet, consacrée à un projet d’un centre d’information à Rome,
La visite d’André à Grenoble le 28 juin 1980, et son passage dans notre appartement à Saint-Martin d’Hères,
Une conférence-débat avec le premier ambassadeur post communiste de Pologne à Paris, en 1992,
Son idée d’associer les gens pour vieillir intelligemment …
Le Cheval d’orgueil qu’il m’a offert en souvenir d’une réunion organisée ensemble,
Le bureau d’André, rue du Borrégo ! Dossiers, fiches et surtout des petits carnets à spirale contenant ses notes et ses carnets d’adresse, méticuleusement rangés par sa secrétaire. Soucieux de l’orthographe de noms propres, André m’a souvent demandé de lui écrire les noms polonais. Il tenait aussi de souvenir et de le faire savoir aux siens.
Nos déjeuners au restaurant chinois du quartier, dont il parle dans sa carte du 11 août 1995,
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Je garde dans mes archives une épaisse pile de feuilles qu’il m’adressait au fil des années en fonction de circonstances qu’il suivait avec intérêt et aux quelles il n’a jamais manquait de réagir. Quelques notes m’aident, de temps en temps, à reprendre de l’enthousiasme en relisant ses textes.
Je me souviens …
Nos conversations se sont interrompues à l’hôpital de la Salpetrière, un 12 avril 1997, le jour d’anniversaire de mon père. Après, tous se sont retrouvés à Notre Dame des Orages, et … le prodigieux fleuve de la vie, du monde et de l’Eglise continue sa course jusqu’à ce que le Royaume s’accomplisse. Alléluia ! (La Croix, le 12 octobre 1978).
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PS Ce texte a été publié dans le livre "La Vie Nouvelle André Cruiziat dans l'histoire politique et religieuse des années 1947-1967", des Jean Chaudouet, R. Labourie et Jean Lestevel, éd. du Signature, Paris 2010, broché, 165 pages. J'ajoute, que le titre de la revue polonaise Wiez a été malencontreusement "francisé" par Lien.